Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/21

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nécessité, ce qu’elle avait donné au marquis par goût et par tempérament.

Mon père mourut et me laissa au berceau. Ma mère, je ne sais par quelle raison, fut s’établir à Volnot, port de mer célèbre. De la femme la plus galante, elle était devenue la plus sage et peut-être la plus vertueuse qui fut jamais.

J’avais à peine sept ans, lorsque cette tendre mère, sans cesse occupée du soin de ma santé et de mon éducation, s’aperçut que je maigrissais à vue d’œil ; un habile médecin fut appelé pour être consulté sur ma maladie ; j’avais un appétit dévorant, point de fièvre ; je ne me ressentais aucune douleur ; cependant ma vivacité se perdait, mes jambes ne pouvaient plus me porter. Ma mère, craintive pour mes jours, ne me quitta plus et me fit coucher avec elle. Quelle fut sa surprise, lorsqu’une nuit, me voyant endormie, elle s’aperçut que j’avais la main sur la partie qui nous distingue des hommes, où par un frottement bénin je me procurais des plaisirs peu connus d’une fille de sept ans et très communs parmi celles de quinze. Ma mère pouvait à peine croire ce qu’elle voyait. Elle lève doucement la couverture et le drap ; elle apporte une lampe qui était allumée dans la chambre, et, en femme prudente et connaisseuse, elle attend constamment le