Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/45

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diriger plusieurs fois la tête de son instrument sur la porte favorite à laquelle il heurtait légèrement ; mais enfin la prudence l’emporta sur le goût, je lui dois cette justice. Je vis distinctement le rubicond priape de Sa Révérence enfiler la route canonique, après avoir entr’ouvert délicatement les lèvres vermeilles avec le pouce et l’index de chaque main.

Ce travail fut d’abord entamé par trois vigoureuses secousses qui en firent entrer près de la moitié ; alors, tout à coup, la tranquillité apparente du Père se changea en une espèce de fureur. Quelle physionomie ! Ah Dieu ! Figurez-vous un satyre, les lèvres chargées d’écume, la bouche béante, grinçant parfois les dents, soufflant comme un taureau qui mugit : ses narines étaient enflées et agitées ; il soutenait ses mains élevées à quatre doigts de la croupe d’Éradice, sur laquelle on voyait qu’il n’osait les appliquer pour y prendre un point d’appui ; ses doigts écartés étaient en convulsion, et se formaient en pattes de chapon rôti. Sa tête était baissée et ses yeux étincelants restaient fixés sur le travail de la cheville ouvrière, dont il compassait les allées et les venues de manière que, dans le mouvement de rétroaction, elle ne sortît pas de son fourreau, et que, dans celui de l’impulsion, son ventre n’appuyât pas au ventre de la pénitente, laquelle, par réflexion,