Page:Boyer d’Argens - Thérèse philosophe.djvu/47

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de concupiscence ? C’est ce qu’il m’est encore impossible de pouvoir bien démêler.

Revenons à nos acolytes. Les mouvements du Père s’accélérèrent ; il avait peine à garder l’équilibre. Sa posture était telle qu’il formait à peu près, de la tête aux genoux, un S, dont le ventre allait et venait horizontalement aux fesses d’Éradice. La partie de celle-ci, qui servait de canal à la cheville ouvrière, dirigeait tout le travail ; et deux énormes verrues qui pendaient entre les cuisses de Sa Révérence semblaient en être comme les témoins. « Votre esprit est-il content, ma petite sainte ? dit-il en poussant une sorte de soupir. Pour moi, je vois les cieux ouverts ; la grâce suffisante me transporte ; je… »

« Ah ! mon Père, s’écria Éradice, quel plaisir m’aiguillonne ! Oui, je jouis du bonheur céleste ; je sens que mon esprit est entièrement détaché de la matière : chassez, mon Père, chassez tout ce qui reste d’impur dans moi. Je vois… les… an…ges ; poussez plus avant… poussez donc… Ah !… ah !… bon… saint François !… ne m’abandonnez pas ; je sens le cor… le cor… le cordon… Je n’en puis plus… je me meurs !… »

Le Père, qui sentait également les approches du souverain plaisir, bégayait, poussait, soufflait, hale-