Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/326

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sur quoi l’eau glissait comme sur une peau grasse.

— Quel temps !

— Quel temps !

— Est-ce que vous partez ? demanda-t-elle.

— Oui, ce soir.

Elle eut un frémissement imperceptible :

— Nous, seulement demain, dit-elle. Mon frère nous attendra à Milan.

— Ah !… Et vous rentrez à Paris ?

— Avec mon frère, oui.

— Avec votre frère ?… et monsieur et madame de Chandoyseau ?

— Oh ! ils vont à Rome, à Naples, je ne sais où ! Mais je vais habiter chez mon frère…

— Jusqu’au retour de votre sœur ?

— Non, définitivement.

— Ah !

Ils regardèrent encore tomber la pluie.

Elle releva doucement, tendrement, ses yeux vers lui :

— Pourquoi partez-vous ce soir ? dit-elle.

Il hésita un peu, puis il lui sourit, pour la première fois. Elle était toute remuée, haletante et suspendue à ses lèvres :

— Je ne partirai que demain, dit-il en se retirant.