Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/93

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Le révérend Lovely se releva vivement en achevant de s’habiller.

— Il ne convient pas d’introduire la flatterie dans une sujet aussi pleine de gravité, jeune homme. La flatterie c’est l’ouvertioure par où le Démon il entre dans le home ; et là, une fois assise, il est terrible.

— Brrr ! fit Gabriel malgré lui, à la seule représentation des ravages que le Malin pouvait causer dans le home du révérend Lovely.

— Mèriez-vous ! s’écria le bonhomme tandis qu’il passait son gilet. Il crut que Dompierre ne l’avait pas entendu, à cause des mouvements qu’il faisait dans l’eau, et reprit :

— Mèriez vous ! mèriez-vous avec une jeune miss de votre pays !

— Sans doute, sans doute !… mais je ne suis pas pressé.

Il avait rajusté sa redingote d’alpaga et il s’en alla en jetant encore la conclusion pratique qu’il avait promptement tirée de cette rencontre :

— Mèriez-vous, monsieur Dompierre, mèriez-vous !

Celui-ci demeura un peu perplexe en réfléchissant au sens de la conversation du clergyman. Lui conseillait-il le mariage à l’instigation de quelqu’un qui avait un intérêt à ce faire ? Avait-il eu vent de sa liaison, et déplorait-il qu’il fût l’occasion d’un scandale ? Ou bien enfin s’était-il tout simplement épanché lui-même en tâchant de fournir à autrui les moyens de ne pas tomber, à son âge, dans les tentations brûlantes dont il avait peut-être à souffrir ? Les trois hypothèses étaient également plausibles.

En sortant de l’eau, Dompierre aperçut sur le sol un petit volume relié à l’anglaise. C’était le Nouveau Testament. Il le ramassa en souriant et, le soir, il le