Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/165

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peut-être quelquefois à travers les barreaux, quand elle passerait en faisant craquer le sable sous ses petits pieds ou en balançant ses deux jambes chéries sous la soie des jupons, musique divine !…

Et cela lui épargna de s’abandonner complètement au désespoir. Il passa la matinée à s’imaginer que Ninon aurait de la peine à le voir partir et qu’elle insisterait encore auprès de madame de Matefelon pour la garder, ainsi que son neveu, ou bien, tout au moins, qu’elle lui dirait à lui, gentiment, la peine qu’elle avait. Oh ! certainement il se fût contenté de cela.

Mais Ninon ne s’occupa que des soins nécessaires à Châteaubedeau.

Le chirurgien vint de Saumur ; toutes les femmes furent employées à découper, à rouler et à dérouler des bandages, à pétrir des onguents, à éfaufiler le vieux linge.

Madame de Châteaubedeau commandait à tous. Telle est la vertu mystérieuse du sang répandu : un garnement qui, hier, déshonorait le nom de sa mère, aujourd’hui, pour quatre égratignures, lui vaut d’abord l’oubli du passé, et quasiment cette auréole ou ce bonnet glo-