Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/89

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trouait le visage d’une bergère assise élégamment sur une gerbe de blé écarlate.

Ninon, coiffée d’un petit bonnet de nuit, allait et venait sur le parquet frais qui flattait la plante et les mignons doigts de son pied, soulevés et abaissés un à un comme les touches d’ivoire d’une épinette, car elle semblait faire fi des mules tenues à la main par Thérèse.

Elle marchait ainsi jusqu’à la fenêtre située au fond du cabinet et revenait face à Châteaubedeau, se caressant les flancs avec sollicitude, notamment dans la région abdominale, comme on fait d’un beau fruit pour en éprouver la maturité. Elle fronçait le sourcil, frappait parfois le sol. Son angoisse était répétée sur le visage de la fidèle Thérèse. Tout à coup, elle troussa haut sa chemise, s’assit sur la chaise. Son regard s’éclaircit, et ses poings s’abaissèrent fort gravement sur ses genoux arrondis et lisses comme de belles pommes de Calville.

Le tout étant parfait et achevé, Thérèse poussa prestement le meuble béant, jusque sous la tenture de Jouy, selon un dessein assurément prémédité et dont Châteaubedeau sentit toute la malice à son endroit. D’accroupi qu’il