Page:Boylesve - Lecon d amour dans un parc.djvu/90

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était, il se releva d’un bond et pinça si fort le bras de la pauvre fille qu’elle cria.

Ninon, qui se trouvait à califourchon sur un bassin de faïence rouennaise et regardait devant soi avec des yeux de carpe flottante, fut réveillée en sursaut et surprit la jambe du page au moment où le vaurien se mettait debout. Elle démêla la farce et, comme elle n’était point femme à se troubler pour si peu, elle dit : « — Sortez, monsieur ! » sans prendre seulement soin d’interrompre ses ablutions.

Châteaubedeau montra son nez enfariné, ses lèvres rougies, et il n’osait lever les yeux tant il était penaud. La marquise mit à profit cette lâcheté soudaine et jeta avec adresse, en plein nez du gamin, son éponge humectée d’une eau malodorante et bourbeuse.

Le véritable amant, dites-moi, n’est-ce pas celui qui néglige ou transpose les cent misères du pauvre corps humain plutôt que celui qui se flatte de la pure suavité de sa maîtresse ?

Eh bien, la chaise percée de Ninon, — dont je vous prie d’excuser l’irrévérencieuse image, — va nous éclairer sur les sentiments des deux