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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/113

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MADEMOISELLE CLOQUE

directeur de conscience, arrêté à causer avec le sous-lieutenant Marie-Joseph de Grenaille-Montcontour. La fatalité voulait qu’elle tombât aujourd’hui sur quelque membre de cette famille. Dans le passage où trois personnes de front se cognaient les coudes, il ne fallait pas songer à éviter la rencontre.

Ces messieurs, d’ailleurs, vinrent vers elle aussitôt qu’ils l’eurent reconnue, l’un son chapeau, l’autre son képi à la main.

Le sous-lieutenant de dragons était en petite tenue de cheval, éperonné et botté. De sa cravache il se taquinait la cuisse ; en parlant au prêtre, il avait laissé tomber le monocle. Il était grand, bien fait, élégant. Il avait une jolie figure avenante, le teint doré, la moustache blonde déjà longue, ondulée au fer, très soignée, un nez dont on n’avait rien à dire, les cheveux en brosse, coiffure alors à la mode, et des yeux bleus un peu foncés, non d’un beau bleu à la vérité, mais qui vous regardaient bien en face. Dès le premier abord, la personne la moins prévenue avait la certitude que le jeune officier n’était pas l’inventeur de la poudre, mais se sentait disposée à dire de lui : « un brave garçon ! »

Il parla tout de suite à Mlle Cloque, comme si de rien n’était. Il s’informa de sa santé, de son entourage ; il avait coutume de la taquiner un peu cavalièrement à propos de son ennemi Loupaing ; son intention était d’amener le nom de Geneviève