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AUTOUR D’UNE BÉNÉDICTION

dont il attendait que la tante parlât la première. L’abbé Moisan qui était rond en affaires, vint à son aide, en faisant de petits yeux significatifs. Mlle Cloque répondit d’une façon si brève et si sèche que les deux hommes furent étonnés. Le chapelain se tenait, par apathie naturelle autant que par prudence, à l’abri des querelles qui divisaient ses pénitentes, et il était clair que Marie-Joseph, avec l’insouciance de sa jeunesse, n’attachait pas d’importance à ces histoires.

Mlle Cloque qui ne voulait toutefois rien cacher et qui avait le parler net, trouva que le moyen le plus prompt d’éclairer le jeune homme sur les causes de sa présente réserve, était de le féliciter de la conduite qu’il avait tenue « aux débuts des événements » et qui avait été en opposition directe avec les agissements paternels.

— Aux débuts des événements ? fit Marie-Joseph, semblant chercher dans sa mémoire. Ah ! parfaitement, mademoiselle, voilà comment c’est arrivé. J’avais été prévenu qu’un certain X…, appartenant au Journal du Département, en voulait à papa, et qu’il se vengerait prochainement. Vous comprenez ? Je n’attendais que le coup. Un soir, les camarades me montrent le journal au café, en me disant : « Ça y est ! » — « Bon ! je finis la partie et je vais gifler mon homme ; qui est-ce qui vient avec moi ? » Deux de mes amis se nomment ; l’un d’eux lit l’article et me prévient : « Dis donc ! c’est assez sale… »