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EN VACANCES

la figure de Léopoldine ! non, rien que d’y penser j’en tremble encore : « Je fais ce qui me plaît ! » dit-elle. La sœur converse, bien entendu, n’a pas grande autorité, n’est-ce pas ? elle lui dit : « Mademoiselle, je dirai à Mme de Montgomery que vous avez été impolie !… » — « Vous direz à Mme de Montgomery que je me f… d’elle et de sa boîte. » Oui, oui, c’est comme ça qu’elle a parlé, croirais-tu ? « Et puis, dit-elle, vous pouvez encore lui rapporter, puisque c’est là votre joli métier, que je lui ai fait un pied de nez, et que je lui ai tiré la langue ; et à vous aussi, belle dame !… » On a cru qu’elle devenait folle. La pauvre sœur était toute rouge. Elle criait par la portière : « Arrêtez ! arrêtez ! » Mais, figure-toi, nous entrions dans le faubourg de Saint-Symphorien ; je fais observer à la sœur : « Prenez garde, ma chère sœur, de donner lieu à un scandale public, dans la rue ; montée comme elle l’est, Léopoldine ne saura plus se contenir. » Nous continuons à rouler. Mais voilà-t-il pas Léopoldine qui se met à ôter son corsage, en pleine rue ! La sœur crie, pleure, perd complètement la tête. C’était moi l’aînée, dans tout ça, n’est-ce pas ? Je dis à ces demoiselles : « Mesdemoiselles, détournez la tête et baissez tous les stores ! Nous demanderons pardon à Dieu de ce qui s’est fait ici… » Alors, sans se tourmenter, tout comme si elle avait été dans son alcôve, la malheureuse continue de se déshabiller et elle