Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
MADEMOISELLE CLOQUE

il faut se soumettre aux volontés paternelles…

— Non pas ! quand votre père vous ordonne de ne pas le défendre contre une odieuse accusation. L’intention du comte était bien évidente, il ne voulait pas que l’on soulevât une question d’honneur qui eût pu l’empêcher d’exécuter une opération financière avantageuse… Il a préféré laisser dire qu’il trahissait la cause de Saint-Martin dans un but intéressé. Et il n’a pas eu honte d’exécuter ouvertement ce qu’on l’accusait de préméditer… Oui, ma fille, je le sais depuis hier seulement, mais il faut que je te dise tout pour que nous soyons bien d’accord sur ce que nous avons à faire ; eh bien, le comte a acheté trois maisons dans le lot dont la société s’était rendue acquéreur ; trois maisons, j’en suis sûre, puisque la maison où est situé l’Ouvroir en fait partie ; c’est en allant acquitter le loyer entre les mains du notaire, en qualité de présidente, que j’ai su le nom de notre nouveau propriétaire. On l’ignore encore ; tu es la première personne à qui je le dis… Il les a eues à moitié prix de leur valeur. Cela va mettre du beurre dans leurs épinards ! D’un coup de main, il avait là de quoi compléter ta malheureuse petite dot, mon enfant !… C’est comme cela qu’on fait aujourd’hui.

Geneviève ouvrit ses yeux humides ; elle cherchait désespérément une occasion d’innocenter le comte. Sa tante la devina :