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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/17

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MADEMOISELLE CLOQUE

— Ah çà ! voyons, Mariette, qu’est-ce que ça sent donc ?

— Qu’est-ce que ça sent ? Mais, Mademoiselle, je viens seulement d’allumer mon fourneau, qu’est-ce que vous voulez donc que ça sente ?

— Je vous dis que ça monte jusque là-haut… Je suis descendue voir si vous laissiez brûler quelque chose.

— Ah ! faisait Mariette, en secouant sa figure toute ridée, faut-il en avoir un nez ! faut-il en avoir un !…

Et sur cet innocent subterfuge qui lui servait presque quotidiennement de préambule, Mlle Cloque échafaudait une conversation peu variée dont deux sujets immuables faisaient les frais : le projet de mariage de sa nièce Geneviève et le projet de la reconstruction de la Basilique de Saint-Martin. Il semblait que tout l’avenir fût contenu dans la solution de ces deux questions.

Et, en effet, les pieuses âmes de Tours ne doutaient pas que le sort de la religion ne dépendit de l’église colossale qu’il s’agissait de relever des ruines où l’avait réduite la Révolution, pour la faire resurgir comme un hardi défi à la libre-pensée. Dans toute la ville il n’était bruit que de cette affaire.

Quant à l’union de la petite Geneviève, — entretenue à grand’peine par sa vieille tante, dans un couvent coûteux, — avec le jeune sous-lieutenant Marie-Joseph de Grenaille-Montcontour,