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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/194

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MARCHE LENTE

cuses si humbles que Mlle Cloque regretta sa violence et faillit rappeler la vieille. Mais elle craignit que Mariette ne lui fît un mauvais sort.

Toutes les deux continuèrent, tristement, en plantant leurs clous, et sans tenir compte des divagations de la Pelet, à déplorer l’élection scandaleuse de Loupaing. Il avait eu cent cinquante voix de majorité sur son adversaire, un ancien maire de Tours sous l’Empire, et qui se présentait avec l’étiquette de conservateur.

— C’est le gâchis, dit Mariette.

— Dieu veut nous éprouver, dit Mlle Cloque.

Mariette hésita, tourna sa langue. Enfin elle lâcha :

— Mademoiselle !…

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— … Ah ! tant pis, mademoiselle, faut que je vous dise !…

— Mais dites donc !

— Eh bien ! c’est toujours rapport à Loupaing… faut vous méfier de cet homme-là, il vous fera du mal. Voulez-vous savoir ce qu’il a dit ?… Il a dit qu’il attendait vos compliments pour son élection, avant que le soleil soit couché !…

— Mes compliments pour son élection ! s’écria Mlle Cloque, mais il est fou !…

— Voilà ce qu’il a dit. Mademoiselle sait bien que c’est aujourd’hui qu’elle va lui payer son terme… Faudra bien que mademoiselle lui cause…