Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
MADEMOISELLE CLOQUE

rai laissé mes lunettes en haut. Courez vite me les chercher.

Les yeux de Mariette brillèrent.

— C’est-il bien la peine d’aller là-haut ?

Mlle Cloque qui s’exténuait à prendre connaissance de l’alarmante « Trahison en haut lieu ? ? ? » frappa du pied et faillit s’abandonner à un mouvement de colère.

— Dame ! fit Mariette, sans plus se tourmenter, Mademoiselle a ses lunettes sur le front !

C’était une des distractions ordinaires de cette pauvre demoiselle. Elle était toujours vexée qu’on la lui fit remarquer.

Mais la lecture était trop captivante, et elle oublia de se fâcher. Elle parcourait avidement l’article sans prendre garde que la servante était retournée à la cuisine.

— En voilà bien d’une autre, par exemple ! s’écria-t-elle.

Elle froissait le journal ; elle s’aperçut qu’elle était seule et sentit le besoin de s’épancher. Elle alla retrouver Mariette.

— Eh bien ! ma fille, si ce qu’on dit est vrai, on peut s’attendre à en voir du joli…

— Qu’est-ce qu’il y a encore ? C’est toujours leur Tonkin, je parie… Dire que j’ai mon pauvre garçon qui est à Toulon…

— Il ne s’agit pas de cela pour le moment : croiriez-vous, ma fille, qu’il paraît que Monseigneur favorise en sourdine leur projet…