Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
MARCHE LENTE

rendre aujourd’hui plus que jamais, puisque celui-ci l’avait grossièrement provoquée.

Le docteur Cornet arriva comme la nuit tombait. C’était un petit homme aux cheveux gris, épais, mal peigné, plus mal mis encore, qui avait une figure hideuse, une voix de femme et des manières brusques. Quoiqu’il fût laid et bourru, il était agréable. Il pratiquait l’homéopathie.

Par une étrange contradiction avec la tournure de son esprit voué au respect des plus vieilles traditions, Mlle Cloque allait en médecine aux excentricités. Elle avait recours au médecin homéopathe, et encore, pour son usage personnel, trahissait-elle en secret le docteur Cornet en faveur d’une certaine médecine italienne, appelée électro-homéopathie et qui était répandue dans le clergé. On en faisait venir les remèdes de Bologne, en petits tubes remplis de granules blancs, ou en flacons de verre coloré contenant un liquide étiqueté : électricité blanche, rouge, jaune et bleue. Des brochures envoyées franco donnaient la manière de se traiter soi-même.

Le docteur Cornet tâta le pouls de Geneviève couchée tristement sous ses rideaux de reps gris passé. Une veilleuse répandait dans la chambre sa pauvre lueur. Il voulut qu’on la remplaçât par une bonne lampe, au moins jusqu’à dix heures du soir.

— Qu’est-ce que c’est que ce lumignon-là ! dit-il. Il faut de la lumière à cette jeunesse.