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MADEMOISELLE CLOQUE

Dieu. Ah ! ceux-là ne regardaient pas à la dépense ! Et voulez-vous me dire où est-ce que nous irions prier Dieu aujourd’hui, s’ils n’avaient pas bâti les cathédrales ; et qu’est-ce qui représenterait la religion aux yeux des ennemis de la foi, s’il n’y avait pas toujours là ces beaux monuments qu’ils sont bien forcés d’admirer comme tout le monde ?…

— Mais, vous n’y allez seulement point dans vos cathédrales ; voyons, c’est-il pas vrai, mademoiselle ? Est-ce que vous n’êtes pas toujours fourrés les uns sur les autres dans votre chapelle de Saint-Martin qui est large comme la main et construite en bois, comme un hangar…, une grange, si vous y tenez ; mettons une grange ?…

— Mais, têtue ! vous ne comprenez donc pas que cela, c’est à cause de la dévotion à saint Martin dont les restes vénérés sont là, dans votre grange, comme vous dites si bien ; et que c’est précisément pour qu’on lui élève un sanctuaire plus digne que nous nous pressons dans cette chapelle provisoire, afin de montrer en haut lieu qu’elle est devenue trop petite, qu’elle n’est plus proportionnée au culte sans cesse plus large qu’on rend au grand Thaumaturge !…

— Tout ça, c’est des bien beaux noms et des affaires qui ne me regardent point… Vous allez pouvoir vous mettre à table, mademoiselle. Et tâchez donc de ne point vous faire de la bile