Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
RÉUNION DE « ZÉLATRICES »

confus, mesdames, attendez que je sois morte !

Et, en prenant la chaise qui lui était réservée près du poêle :

— Ah ! qu’il fait bon, mesdames, se sentir les coudes, par ces malheureux temps de désordres et de haines ! Dieu nous préserve de la division entre nous !

— Voilà qui s’appelle être l’interprète du sentiment général ! soupira Mme Chevillé.

— Ce ne serait certes pas ma faute, dit Mme Bézu, si nous cessions jamais de composer autour de vous comme une couronne d’un métal inaltérable !

— Hélas ! dit Mlle Cloque, en priant Geneviève de lui enfiler son aiguille, il souffle autour de nous de telles tempêtes ! Mais, comme rien n’arrive ici-bas sans la permission de Dieu, il faudra bien qu’un jour ou l’autre l’ordre soit rétabli… Les consolations nous viennent, Mesdames, en se donnant la main, comme les malheurs. Et, tenez, voici qui est de bonne augure, pour ne vous citer qu’un exemple : figurez-vous que mon propriétaire, Loupaing, depuis son élection, est devenu doux comme un agneau : il m’accable de prévenances…

— Ces gens-là sont tous les mêmes. Regardez nos farouches radicaux. Une fois au pouvoir…

— Dieu ne permet jamais au mal de dépasser certaines limites : il y a comme une soupape de