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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/237

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MADEMOISELLE CLOQUE

sûreté qui s’ouvre au moment où l’on croit tout perdu.

Mlle Cloque menait la conversation doucement et prudemment, asseyant l’entente sur des sujets propres à tenir tout le monde d’accord.

Elle caressait en silence un projet cher à son cœur. Son désir était de ramener, à l’occasion de la fête de Saint-Martin, les deux seules zélatrices qui eussent brisé avec elle : elle se promettait secrètement d’embrasser les demoiselles Jouffroy.

Par contre, on remarquait un embarras chez la plupart de ces dames. Leurs phrases avaient des terminaisons biaisées, des pentes tortueuses ou de brusques glissades, ménagées, semblait-il, en vue de faire trébucher la plus pressée ou d’en traîner la plus hardie dans la discussion d’un sujet qui les possédait toutes.

Mlle Cloque soupira :

— Je ne serai contente, que lorsque toutes les brebis seront rentrées au bercail.

L’allusion aux dissidentes n’échappa à personne, et les pensées allèrent aux deux sœurs qui ne venaient plus à l’Ouvroir à cause de Mlle Cloque, mais qui voyaient les zélatrices des différentes œuvres, et s’étaient, disait-on, fort agitées ces dernières semaines.

Les paroles de la présidente furent suivies d’un silence trop complet.

On entendait les chutes molles de la braise