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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/241

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MADEMOISELLE CLOQUE

selles allaient à l’aveuglette, se laissaient mener par les événements comme des épaves à la dérive.

Mlle Cloque, qui ne savait point mentir à son opinion, dit :

Mme Bézu a d’excellents principes.

Ivre de se sentir soutenue par celle même dont elle ambitionnait la place, Mme Bézu se lança dans une diatribe à perte d’haleine contre les demoiselles Jouffroy. Pour se ménager l’assentiment durable de Mlle Cloque, elle introduisit de ci de là quelques pointes à l’endroit des Grenaille-Montcontour avec qui ces demoiselles avaient entamé des relations « qu’on ne s’expliquait pas ». — « Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es. » « La fréquentation des gens à demi-tarés ne va pas sans vous laisser aux mains quelques traces douteuses… »

Des allusions aussi malveillantes provoquèrent une explosion d’indignation. Il surgit une armée de défenseurs aux Grenaille-Montcontour. On vit tout de suite que leur parti était loin d’être affaibli, même dans cette réserve d’élite du monde pieux. On les défendait pêle-mêle avec les demoiselles Jouffroy. On eût dit que leur cause était commune.

Cette bagarre n’était pas préparée. Dans l’intervalle des cris, ces dames se regardaient, s’interrogeaient des yeux : où allait-on ? ne s’égarait-on pas ? qui donc allait trouver la transition ?