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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/248

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RÉUNION DE « ZÉLATRICES »

— Du nouveau ? interrogea toute tremblante, Mlle Cloque.

— Si vous l’ignorez, ma chère, c’est que vous continuez à être mal renseignée. Où donc vous informez-vous de ce qui se passe ? Nous sommes averties de source certaine — mon Dieu, je puis bien vous le dire, c’est le Frère Gédéon qui nous a garanti le fait, — que M. Niort-Caen, pour l’appeler par son nom, victime d’un vol de la part de notre protégée, va déposer une plainte en police correctionnelle. Mme la comtesse a été volée, elle aussi ; M. d’Aubrebie a avoué à Mme Pigeonneau qu’il avait été volé ; enfin Mlles Jouffroy l’ont été. M. Niort-Caen n’a pas de ménagements à garder vis-à-vis de nous, et il a résolu de se plaindre. Nous verrons un de ces jours dans les journaux républicains : l’affaire de la protégée de l’Ouvroir ! Qu’est-ce que vous dites de cela ?

Mlle Cloque était atterrée. Par une étrange ironie du sort, ces dames soulevées contre elle à cause de son dogmatisme et de son intransigeance, choisissaient pour l’attaquer le seul fait où son dogmatisme et son intransigeance eussent été à demi tempérés par la pitié. Elle s’était séparée, il est vrai, de la Pelet reconnue indigne, mais elle n’avait pas osé lui nuire en la trahissant près des personnes qui la secouraient.

— Mon Dieu, dit-elle, mais si cette malheureuse est condamnée, que vont devenir ses enfants ?