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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/25

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MADEMOISELLE CLOQUE

savait hélas quel était le sens de ces fameux plans tout prêts à être exécutés. Exposés dans la crypte du tombeau de saint Martin, ils avaient été lacérés, il n’y avait pas plus de trois semaines, par quelque pieux basilicien demeuré inconnu.

Ce n’était pas tout ; l’article se terminait par des lignes ambiguës quant aux personnes visées, mais très claires quant au sens de l’accusation. Elles flétrissaient la conduite équivoque de certaines « notabilités » dont l’ostensible dévotion à saint Martin, jointe à la compétence reconnue tant en matière d’archéologie qu’en « la pratique des affaires, » avait fortement contribué à affermir l’espoir de voir se relever la Basilique, alors que ces mêmes notabilités favorisaient secrètement, et cela « dans un but qu’il restait à élucider », le misérable projet de l’église bâtarde.

C’était là de quoi faire aller les imaginations et les langues.

Mlle Cloque ne pouvait qu’appartenir au parti des projets héroïques et grandioses. Son âme s’était de tout temps inclinée du côté des généreuses chimères. Rien n’était assez grand ni assez beau, au gré du superbe élan de ses désirs. Depuis le mouvement qui l’avait jetée aux pieds du plus magnifique génie de son temps, jusqu’à celui qui faisait monter le rose d’une sainte colère à ses vieilles joues de femme vertueuse, à propos