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NIORT-CAEN

ombre de la Basilique qu’elle avait agitée sur la ville, et elle comptait être traitée par Niort-Caen avec la considération qu’on accorde à l’ennemi.

On lui fit traverser de nouveau l’antichambre ; on ouvrit une porte, puis une autre, et, au fond d’une grande pièce, à une table encombrée de dossiers et de paperasses, elle vit Niort-Caen.

Une lampe à globe dépoli laissait sa figure en pleine lumière ; on n’en apercevait qu’une masse adipeuse et de couleur jaune, et des cheveux drus, à courte ondulation naturelle, grisonnants à peine et séparés par une raie.

Il se leva lorsqu’on annonça la visiteuse, et sa taille se ploya sans que sa physionomie exprimât rien. D’un geste bref il indiqua un siège.

Mlle Cloque fut blessée par sa première parole.

— Je vous ai fait attendre, dit-il, parce que j’avais un travail à terminer et que je préférais vous écouter à mon aise.

Ce n’était pourtant que l’expression un peu crue d’une franche serviabilité.

Elle lui exposa en quelques mots l’objet de sa visite, s’efforçant, malgré elle, à supprimer les parenthèses, les mille considérations morales qui faisaient corps dans son esprit avec la question principale, mais qu’un secret instinct l’invitait à juger oiseuses, en face de cette figure.

Il avait repris sa place à la table, un coude appuyé au fauteuil de bureau ; il se tenait la mâ-