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MADEMOISELLE CLOQUE

— Un pèlerin, disait-il, avait tenté d’emporter secrètement quelque pieux souvenir de la Basilique : de la cire ou de la poussière du tombeau. Il n’y put réussir et revint la nuit pour les vigiles. Ayant alors rencontré le câble qui sert à mettre la cloche (signum) en mouvement, il en coupa un fragment : nocte ad funem ilium de quo signum commovetur advenit. Ce texte, ajoutait-il, prouve clairement que la tour n’était pas en dehors de l’église.

Tous, peu à peu, finissaient par voir comme lui le monument des temps anciens englobant les deux tours survivantes. Il se grossissait à leurs yeux, de tout ce qu’il eût fallu détruire pour le remettre debout. Et le sentiment du gigantesque s’emparait de leur esprit. Ils allaient, allaient, par de petites rues, débouchaient dans de grandes, s’infiltraient à nouveau dans des boyaux tortueux :

— Jusque-là ? demandait quelqu’un.

— Jusque-là ! répondait victorieusement M. Houblon.

Il avait accompli seul déjà ce pèlerinage rétrospectif. Il s’enivrait aujourd’hui de fournir à ses trente compagnons un rêve grandiose.

— Voyez-vous ? disait-il, en levant sa canne sur les misérables bicoques de bois.

Ils levaient les yeux. Ils voyaient la Basilique !

— Ce cher M. Houblon, disait Mme Pigeon-