Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
MADEMOISELLE CLOQUE

sur du papier ce qu’il faut faire. C’est une ordonnance cela !

Il plia son papier en deux après l’avoir séché devant un grand feu de coke. Il ouvrit un petit tiroir du bureau, où des flacons minuscules, étiquetés sur le bouchon, passaient le cou par les trous réguliers d’une mince plaque de liège.

Sa main malpropre et savante glissa sur le clavier de poisons et s’arrêta, sans le secours des yeux, à la petite bouteille qu’il fallait. Il en versa quelques gouttes, comptées attentivement, dans un flacon vide, et reboucha le tout en faisant grincer le liège. Puis il lut tout haut l’ordonnance qui acheva d’exténuer Mlle Cloque. Elle fit observer, d’une voix que couvrait la montée des larmes, en répétant quelques-unes des prescriptions :

— « Changer de milieu, voir des figures nouvelles» ; passe encore s’il le faut, mais, mon cher docteur, comment voulez-vous que nous allions « dans les montagnes ? »… et en Suisse par-dessus le marché ! Je ne parle pas de mon âge ; Dieu merci, je me remue encore, mais il y a malheureusement la question… pécuniaire.

— Le voyage n’est pas si cher, dit Cornet, et c’est là-bas que vous pourrez trouver au meilleur compte le moyen de passer trois ou quatre mois hors de chez vous, toutes conditions réunies. Allons ! allons ! si je vous ordonne cela, c’est qu’il n’y a pas moyen de faire autrement.