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MADEMOISELLE CLOQUE

— Taisez-vous donc ! On s’arrangera. Est-ce que je vous demande quelque chose ?

Le plâtrier était venu en personne blanchir le pan de muraille où s’adossait la cage à poules.

Et, bien avant que la lumière du printemps eût percé le ciel gris, Loupaing armé de la lance arrosait le jardinet de sa locataire, de préférence à sa propre cour.

— Si nous avions passé l’été ici, avouait Mlle Cloque, je crois que cet être-là eût fini par devenir ennuyeux. On n’est plus chez soi.

C’était le moment où les bourgeons des rosiers commençaient à s’ouvrir, et les fusains ranimaient le bout de leurs branches par un vert tendre et frais. Entre les membrures du catalpa, les feuilles nouvelles allaient bientôt redessiner de chimériques images. Et la fontaine, tarie durant l’hiver, s’était remise à égrener son murmure favorable aux songes.

— Pourquoi nous en aller ? disait Geneviève enracinée aux lieux mêmes de son lent martyre.

— Parce qu’il le faut ! répondait la tante.

Elle avait dû vendre des titres pour faire face aux dépenses du voyage. Ce n’était pas assez que ses revenus diminuassent : elle entamait son petit capital. Le pire, peut-être, avait été de donner ordre à son banquier, à travers le grillage : « Il s’agirait de vendre ces trois obligations… » Il la connaissait pour lui payer ses coupons