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EXTRÉMITÉS

En l’espace de quelques minutes, le mail se garnit. La double rangée des grands ormes balançait ses hautes branches à l’air agréable de mai. Les chaussées, de chaque côté du large terre-plein, portaient une foule déjà compacte. Aux fenêtres de jolies maisons donnant sur le boulevard, paraissaient quelques femmes accoudées. À une centaine de mètres à peine, en tournant un peu la tête, on pouvait apercevoir, entre deux bouquets d’arbres du parc, la frise de faïence courant au-dessous d’une balustrade à l’italienne, qui décorait l’hôtel de Grenaille. Il venait, des jardins voisins, des odeurs de clématite et de chèvrefeuille.

— Tiens ! voici Mlle Cloque et sa charmante jeune fille ! prononça la voix grasse de M. l’abbé Moisan. Mesdemoiselles, voulez-vous me permettre de vous présenter mon bon ami, M. Jules Giraud, qui était précisément en train de faire avec moi un petit tour de promenade ?

— Si Monsieur veut bien s’asseoir ? dit Mlle Cloque, nous avons justement deux chaises à côté de nous, où nous avions déposé nos mantilles.

« Mon Dieu ! mon Dieu ! pensait Geneviève, est-il possible de parler comme cela ! Mieux vaudrait dire carrément que l’on s’attend, que de prendre des détours si maladroits. »

Elle avait vu, tout en blâmant le langage de sa tante, que le notaire avait les cheveux frisés, ce qu’elle n’aimait pas du tout. En outre, il por­-