Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
MADEMOISELLE CLOQUE

tait un lorgnon de myope, d’un numéro assez fort, qui déformait complétement les yeux quand on le regardait de face. Elle pensa :

« C’est horrible : on dirait deux huîtres ouvertes. »

Sa barbe était assez bien, entière, blonde et frisée ; mais il sortait de chez le coiffeur qui lui avait rasé les joues à la tondeuse. Elle le jugea stupide d’avoir été le chez le coiffeur avant de venir au rendez-vous. Il avait d’assez jolies dents très blanches, mais presque point de lèvres ni de moustache : une espèce de malheureux petit bout de duvet d’un blond si clair qu’on aurait dit qu’il était blanc, et dont trois ou quatre poils, un peu plus longs, descendaient de chaque côté de la bouche.

« Jamais, pensa Geneviève, je ne me laisserai embrasser par cet homme-là. »

Il était en redingote, soigneusement boutonnée, et en chapeau haut de forme.

« Eh bien ! se dit la jeune fille, comment serait-il, s’il venait officiellement demander ma main ? »

Il était surtout terriblement ému. On sentait sa crainte de laisser échapper quelque sottise devant Geneviève, dans le premier moment, et il parlait à la tante aussi troublée que lui.

L’abbé Moisan entretenait Geneviève qui n’écoutait que le notaire lancé à bride abattue à la conquête de Mlle Cloque. Dans sa précipita-