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LE PETIT BONHEUR

dupe des stratagèmes employés par les dames des environs pour venir à la ville :

— S’il n’y avait pas quelque inconvénient, nous aurions trop de monde…

Mais son timbre étranger était si aimable qu’on ne pouvait point se froisser.

Il était néanmoins trop tard, quand elles sortirent, pour aller jusqu’à Marmoutier. Mlle Cloque voulait entraîner Geneviève voir la nouvelle église. C’était une idée fixe. La malheureuse passait désormais sa vie à rôder autour du monument exécré.

— À quoi bon ? dit la jeune femme. Je t’avoue que j’aime mieux les endroits gais…

Elles allèrent s’asseoir dans le nouveau magasin Pigeonneau-Exelcis, malgré que Mlle Cloque boudât encore la gracieuse titulaire de l’ex-librairie ultramontaine, à cause du petit coup d’état qu’elle avait accompli.

En s’établissant dans la rue ci-devant Royale, désormais Nationale, dont le seul nom donnait des nausées à Mlle Cloque, la maison Pigeonneau-Exelcis avait répudié carrément toute spécialité de commerce religieux. C’était désormais une librairie profane, étalant à sa devanture tous les ouvrages nouvellement parus, sans aucune distinction. On y trouvait Nana à côté du Maître de forges et d’un roman qui faisait alors beaucoup de bruit, l’auteur en étant renvoyé devant la Cour d’assises. On y voyait une brochure