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MADEMOISELLE CLOQUE

Elles ne parlèrent plus.

La nature des souvenirs qui papillonnaient dans le silence les gênait l’une et l’autre. On distinguait, de l’autre côté de la cloison, la voix douce de Stanislas et le choc minuscule des petits instruments d’acier qu’il posait sur la planchette mobile. Soudain, un léger cri de femme : « Ho-a ! »

Et leur tour vint de pénétrer dans le cabinet du dentiste. Celui-ci les avertit que l’opération n’exigerait pas de longs soins.

— Oh ! fit Geneviève, ne vous pressez pas.

— Le nerf n’est pas sensible ; si vous aviez le temps aujourd’hui même, nous pourrions en une seule séance…

— Non ! non ! non ! je sais ce que c’est que les opérations trop vite faites. J’y consacrerai autant de séances qu’il faudra… D’autant plus que, justement aujourd’hui, j’ai pas mal de petites courses.

— Bien, bien ! fit Stanislas de Wielosowsky, de son joli accent. En ce cas, nous nous contenterons de ceci pour aujourd’hui.

Et il déposa dans la piqûre de la dent un tout petit coton imbibé d’acide arsénieux.

— C’est dommage que ça sente mauvais, observa Geneviève.

Le dentiste sourit et dit, non sans une légère impertinence, et pour montrer qu’il n’était pas