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MADEMOISELLE CLOQUE

— Vraiment ?… Et tu crois qu’elles regardent par ici ? Elles nous auront peut-être vu monter… Pauvres filles ! je ne les rencontre plus. Elles ne vont aux offices qu’à la crypte de la nouvelle église… Oh ! je ne leur en veux pas ! J’aurais tant aimé me réconcilier avec elles avant de mourir…

— Tu as bien le temps, par exemple !… Elles ont été assez méchantes avec toi !

— Est-ce qu’elles regardent encore ?

Geneviève risqua un œil sans toucher au rideau :

— On dirait qu’elles guettent… Qu’est-ce qu’elles peuvent bien faire là ?

— Mon Dieu ! s’écria Mlle Cloque ; elles ont peut-être la même pensée que moi.

— Quelle pensée ?

— Si elles avaient le désir de me revoir !…

— Ah ! soupira Geneviève en soulevant les épaules, tu crois les gens bien généreux !

— Ma fille chérie, quand on a mon âge, vois-tu bien, on juge les gens et les choses autrement que dans la jeunesse. Je voudrais m’en aller de ce monde sans que personne pût me reprocher de lui avoir manqué gravement, et l’hostilité de ces deux sœurs, qui ont été si longtemps mes amies, m’est bien pénible… Je te prierai, si je ne peux pas les embrasser avant ma mort…

— Tante, dit Geneviève, avec impatience, je te supplie de ne pas me parler toujours comme