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LES COMBINAISONS DE LA PROVIDENCE

— Non ! non ! Va voir à la fenêtre, je t’en prie. J’ai mon idée.

— Oui, dit Geneviève : c’est même assez drôle : il y a Hortense qui ne quitte pas des yeux soit la fenêtre, soit la porte. Elles ont l’air de se cacher.

Mlle Cloque se leva :

— J’ai mon idée, répéta-t-elle. Mon enfant, ton tour va venir dans un instant ; je vais descendre, et si les choses se passent bien, tu me retrouveras à la pâtisserie… J’ai mon idée ; j’ai mon idée !…

Geneviève se prit le front. Des images discordantes et entremêlées se dessinèrent à ses yeux. La lugubre confidence de sa tante, son héroïque résignation devant la mort annoncée, sa joie mystique de vieille fille vertueuse, et d’un autre côté cet acharnement à se réconcilier avec les demoiselles Jouffroy, — maintenant les tantes de Marie-Joseph, — la perspective d’un rapprochement entre les deux familles — après l’aventure de l’es calier et le tumulte depuis lors de sa cervelle et de ses sens, — lui causèrent une espèce d’affolement craintif. Elle pensa tout à coup : « mais les Jouffroy sont là pour surveiller Marie-Joseph !… »

— N’y va pas ! dit-elle à sa tante.

— Si, mon enfant, je sens que Dieu me commande cette action qu’il approuve. Ne perdons pas de temps. À tout à l’heure. Je t’attendrai chez Mlle Zélie.