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MADEMOISELLE CLOQUE

Elle l’embrassa et descendit.

On entendait dans le cabinet du dentiste le ronronnement de la lime mécanique ramonant par pesées réitérées la dent de la patiente, une dame assez bien, que l’on avait vue longtemps, là, tranquille, à regarder des images. Et, quand la lime cessait de mordre, la bouche, sans doute maintenue ouverte par le doigt parfumé de Stanislas, émettait des sons plaintifs, inarticulés : « ahan… ahan… ahan !… » sans que s’interrompissent les coups réguliers de la pédale ébranlant l’étrange rouet.

La porte donnant sur le palier fut vivement ouverte. Une tête d’homme parut, qui inspecta d’un clin d’œil toute la pièce. Geneviève crut mourir. Elle avait vu Marie-Joseph.

Elle n’eut certainement pas la force de crier. Il était près d’elle. Il disait :

— Il le fallait bien ! il le fallait bien ! Depuis le temps que je vous attends… Je vous aime… Je vous aime… Geneviève !

Elle ramassa ses forces pour lui dire :

— Vous êtes perdu ! allez-vous-en : vos tantes sont en face, chez Roche…

— Allons donc ! dit-il ; vous voulez me faire peur : mes tantes sont au diable. En tout cas, je les y envoie…

— Mais la mienne, la mienne ! ma tante sort d’ici.

— Je le sais bien ! c’est pour ça que j’y suis !