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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/389

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MADEMOISELLE CLOQUE

Mlle Cloque se regimba :

— Qui çà, l’on ? de qui çà, les petits secrets ?

— Ma bonne, dit l’aînée qui n’avait point parlé, trêve de circonlocutions. Je ne veux pas vous demander pourquoi vous êtes ici, en ce moment et non chez le dentiste, près de Madame votre nièce, ni qui vous a dépêchée vers nous dans le but attendrissant de tomber dans nos bras ! Je vais vous dire deux mots seulement qui vous ouvriront les yeux. M. Marie-Joseph de Grenaille-Montcontour trompe sa femme. Il la trompe impudemment : c’est un coureur, un galantin, tout ce que vous voudrez, ceci est la fable de la ville… — Avec qui trompe-t-il sa femme — tout au moins une fois entr’autres ? — Voilà ce qu’il importe que nous sachions afin d’essayer d’extirper le mal en sa racine. — Or, vous allez comprendre tout de suite où je veux en venir — c’est pourquoi nous sommes ici, le samedi, en face du dentiste qui a la pratique de votre famille et autour duquel le mari de notre pauvre Léopoldine rôde incessamment, ce jour-là, depuis plus d’un mois… Si Mme Giraud était descendue avec vous de chez le dentiste, elle eût pu vous confirmer immédiatement nos paroles, puisqu’elle a parfois sans doute la bonne fortune de se trouver sous les pas de M. Marie-Joseph, et puisqu’elle a même le privilège de recevoir ses confidences, ce qui lui est arrivé notamment il y a juste aujourd’hui six semaines…