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MADEMOISELLE CLOQUE

lité actuelle de présidente de l’ouvroir de Saint-Martin la plaçaient d’emblée à la tête de la résistance.

Elle eut un mot heureux qui courut de bouche en bouche et donna une consistance et une force inattendues au parti de la Basilique : près des personnes qui l’entourèrent, elle étiqueta les plans et devis que venait d’étaler le vicaire général, de « projet républicain ». Le Journal du Département n’avait jamais poussé si loin, et c’était un tort, car, prononcés en temps opportun, de tels mots ruinent un parti. Le Saint Père n’ayant pas encore parlé à cette époque, aucun simulacre de paix n’existait entre l’Église et la République. Le projet que venait d’adopter l’archevêché, et que favorisait en secret le ministère, était bien un projet teinté de républicanisme. On s’en doutait ; mais il fallait le dire. C’était fait.

Et toutes ces dames achevaient de se monter la tête avec cette épithète malsonnante. Aucune d’elles ne doutait qu’il ne fût suffisant de la prononcer pour rendre odieuse désormais l’idée même de toute construction autre que l’ancienne, la grandiose, la sainte Basilique démolie et rasée par les mains révolutionnaires. D’un coup, la question qui, depuis des mois, agitait les esprits, changeait d’aspect. Elle cessait de se présenter sous le caractère purement religieux et esthétique qu’elle avait jusqu’alors revêtu,