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MADEMOISELLE CLOQUE

blait dans des régions presque ignorées de sa conscience. Osait-elle seulement penser à lui, avec cette étrange servilité d’esprit des natures comme la sienne, foncièrement et scrupuleusement soumises aux méthodes spirituelles imposées, aux examens de conscience quotidiens, aux confessions très fréquentes ? Qui sait si un directeur ne lui avait pas interdit de reposer ses courts instants de rêverie sur cette figure fascinante ? Mais à son seul nom, son sang bougeait.

— Et si monsieur Marie-Joseph était du parti de son père et qu’il s’entendît avec son père pour compromettre le triomphe de l’Église ?

— Oh ! quant à ça, dit Geneviève, je saurai bien l’empêcher d’être si méchant !

— D’être aussi méchant que les autres, peut-être ; mais tu ne l’empêcherais pas d’être du parti de nos ennemis… Et toi, toi ? Qu’est-ce que tu ferais entre les deux camps ?

— Moi ?… Dame ! ma tante, il faudrait bien que je sois du parti de mon mari…

Mlle Cloque trembla. Elle fut atterrée de cette phrase innocente et instinctive à quoi aboutissaient quinze années de l’éducation la plus sévère et la plus intransigeante. « Il faudra bien que je sois du parti de mon mari. » Et c’était la meilleure élève du Sacré-Cœur de Marmoutier qui disait cette phrase de taille à faire remuer sur leurs fondements toutes les murail-