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GENEVIÈVE

les du couvent ! Que serait-ce de la multitude des petites têtes de linottes élevées là autour de Geneviève qu’on leur a sans cesse proposée comme exemple ? Une fois la porte refermée sur la figure de Mme Cantalamessa, cela se disperserait à tous les vents, prendrait le premier chemin venu, se modèlerait au gré de maris rencontrés dans les bals ou dans les casinos et ayant puisé eux-mêmes leurs principes et leur direction de vie dans les casernes ou dans les cafés du quartier latin !

— Et, si, par hasard, — je dis par hasard, bien entendu, — si, par hasard, et sous le prétexte que la vieille tante n’est pas de son parti, ce jeune homme ne… voulait plus t’épouser ?…

Elle prenait des précautions, car elle croyait par ces mots d’utile prévoyance semer la terreur dans l’âme de la jeune fille.

Mais Geneviève la décontenança par un sourire étrange et charmant, le sourire que les peintres d’autrefois ont mis sur les lèvres des saintes femmes, et qu’on ne voit qu’aux figures chrétiennes, le sourire de la foi complète, absolue.

— Tu n’as pas peur que cela arrive ?

— Non, fit Geneviève.

— Non ! Mais pourquoi ? voyons, ma chère petite, il faut penser à tout : il faut tout prévoir, surtout le pire, hélas ! en ce bas monde. Eh bien sur quoi te fondes-tu pour avoir tant d’assurance ?