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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/85

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MADEMOISELLE CLOQUE

— Rien du tout, Mademoiselle, continuez donc votre récit.

— Le Frère Gédéon nous disait tout simplement que c’était sur l’avis formel du Pape, que monseigneur l’Archevêque avait penché vers l’adoption du projet…

On s’exclama de nouveau. L’avis formel du Pape ? Ah ! par exemple ! on ne s’attendait pas à celle-là ! L’avis formel du pape ! Mais qu’est-ce qu’il en savait, le Frère Gédéon ? Est-ce que c’était à lui que Mgr Fripière était venu raconter ses entretiens avec Sa Sainteté ? Ne dirait-on pas en vérité que le Frère Gédéon est à tu et à toi avec l’Archevêque ; n’allait-on pas aussi bientôt apprendre qu’il mangeait à sa table ? …

— S’il ne mange pas à sa table, opina Mme Chevillé, tenez compte qu’il est du dernier bien avec des personnes qui ne se font pas faute d’y manger…

Tout le monde comprit l’allusion au comte de Grenaille-Montcontour. Le déjeuner de la veille à l’archevêché, le départ en landau avec l’abbé Janvier avaient fait assez de bruit. Par égard pour Mlle Cloque, on ne la releva point, mais la pauvre fille sentit le poids de ce silence intentionnel, et reçut une première fois, d’une manière positive, la sensation du grand malheur qui la frappait, elle et sa nièce. On comprenait qu’il ne fallait plus prononcer devant elle le nom du comte de Grenaille.