que c’est à une couleur maladive de la peau, à la morbidesse du teint, que le verbe splendeo devait son origine[1].
L’élargissement du sens est surtout fréquent avec les mots composés. Après avoir réuni deux termes pour en faire un tout, on ne considère plus que l’ensemble. Vindemia, par exemple, qui contient le mot vinum, se dit pour d’autres récoltes que celles du vin : vindemia olearum, mellis, turis. Parricidium, qui est le meurtre d’un père, s’est étendu, l’altération phonétique aidant, jusqu’à marquer toutes sortes de crimes : à tel point que déjà les Romains en cherchaient des étymologies assez lointaines. Nous touchons ici à ce que les anciennes rhétoriques appelaient un abus de langage (catachrèse). La vérité est que la catachrèse n’existe que dans les premiers temps et pour celui qui s’attache à la lettre : pour le commun des hommes, ces expressions ne tardent pas à être naturelles et légitimes. C’est ainsi qu’en sanscrit, une écurie à chevaux s’appelle açva-goshtha, quoique goshtha soit un composé contenant le mot go, « vache ». On a de même dans Homère :
- ↑ Σπλήν, « la rate » : un homme malade de la rate était splenidus (cf. rabidus de rabies). Les anciens plaçaient dans cet organe le siège de la jaunisse.