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LA LOGIQUE DU LANGAGE.

similis. Mais nous ne voulons pas prolonger une étude trop technique : ce que nous avons dit suffit pour montrer comment procède la logique populaire.

Cette logique, nous le répétons, repose tout entière sur l’analogie, l’analogie étant la façon de raisonner des enfants et de la foule. Une locution est donnée : on en tire une autre à peu près semblable. Celle-ci, à son tour, en produit une troisième, un peu différente, qui provoque de son côté des imitations, sans que, pour cela, la première et la seconde aient cessé d’être productives. Le langage, de cette façon, peut aller fort loin. Celui qui apprend la langue par l’usage n’est nullement surpris, car il ne songe pas à rapprocher, ni à comparer entre elles, des applications si différentes. Mais celui qui, dans un livre, les trouvant énumérées à la file, veut y découvrir une idée commune, une idée mère, risque de se perdre dans les plus pâles abstractions. Il faut refaire le chemin parcouru, tâcher de reconnaître les tournants, et ne jamais oublier que, le langage étant l’œuvre du peuple, il faut, pour le comprendre, dépouiller le logicien et se faire peuple avec lui.