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LES IDÉES LATENTES DU LANGAGE.


remarquable de notre science par les controverses qu’il suscitera comme par les éclaircissements qu’il réclame, il servira de point de départ à toute une série de recherches nouvelles. Vous le voyez, partout où nous portons nos regards, les travaux se présentent à nous en grand nombre. Xe craignons donc point que le terrain manque devant nous, puisqu’au contraire, à mesure que notre science a marché, elle a senti le sol s’affermir sous ses pas et l’espace s’élargir devant elle !

Il y a un autre ordre d’études qu’on distingue habituellement de la grammaire comparative et qu’on a été quelquefois jusqu’à lui opposer. C’est cet assemblage de principes et d’observations dont Port-Royal a donné le premier modèle, et qui est connu sous le nom de grammaire générale ou philosophique. Mais puisque la grammaire générale se propose de montrer le rapport qui existe entre les opérations de notre esprit et les formes du langage, comment pourrait-elle se trouver en opposition avec une science dont l’objet est d’analyser ces formes ? Il est bien plus vrai de dire qu’elle trouvera dans les observations de la linguistique un surcroît d’intérêt et de solidité. En effet, ou bien les théories de la grammaire générale seront confirmées par l’examen scientifique des divers idiomes parlés sur la surface du globe, et alors les travaux des philologues seront la justification et la contre-épreuve de cette philosophie du langage ou bien, sur certains points, il y aura désaccord entre les opérations de notre esprit, telles que la psychologie et la