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LES IDÉES LATENTES DU LANGAGE.


a aminci son a en i. Mais ce sont là des modifications phonétiques dues au déplacement de l'accent. Le participe, ayant l'accent tonique sur le suffixe, tend à affaiblir la syllabe radicale; au contraire, bhâr-ti, étant accentué sur la racine, renforce celle-ci et allège la désinence. Croirons-nous que ce déplacement de l'accent était destiné à marquer le changement de signification ? Il est difficile de le supposer, quand nous voyons qu'au pluriel et au duel du présent, où évidemment le rapport entre le pronom et la racine est de même nature qu'au singulier, l'accent quitte la syllabe radicale pour passer sur la désinence (imâs « nous allons », ad-mâs « nous mangeons»). Le déplacement de l'accent tonique et les modifications phonétiques qui l'accompagnent n'ont donc pu servir que subsidiairement à distinguer le participé du présent, et la véritable différence qui les sépare est toute logique

Les formations verbales que nous avons citées sont de l'espèce la plus simple elles appartiennent à la seconde classe sanscrite, qui joint immédiatement les désinences personnelles à la racine. Mais si nous passons en revue les autres classes de verbes, nous constatons des faits exactement semblables. L'analyse philologique a reconnu la véritable origine de ces syllabes a, ja, nu, qui, dans les formes comme tudati « il frappe », bodhati « il sait », madja-ti « il s'enivre », dhrsnumas « nous osons », ont l'air de s'interposer entre la racine et la désinence personnelle. Ce ne sont point des lettres serviles ou euphoniques destinées à aider la conjugaison ce sont en-