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LES IDÉES LATENTES DU LANGAGE.


core moins des syllabes produites par une force interne et une sorte d’expansion de la racine. Bodha-ti « il sait doit se diviser de cette façon bodha-ti, et bodha n’est pas autre chose que le thème de bodha-s « connaissance ». Les désinences personnelles sont venues s’ajouter à un thème nominal, comme plus haut nous les avons vues se joindre à une racine. Bodha-ti signifie » connaissance-lui », ou peut-être « connaisseur-lui », comme bhar-ti veut dire « fardeau-lui » ou « porteur-lui ». Les syllabes ja, nu, que nous trouvons dans d’autres verbes, sont de même des suffixes servant à former des adjectifs ou des substantifs. Divja-ti « il brille » renferme un, thème divja « brillant », qui est formé comme sûrja « le soleil ». Dhrsno-ti « il ose contient le thème adjectif ̃dhrsnu « hardi ». Dîvja, dhrsmi, bodha, sont des thèmes nominaux que la langue, en les faisant suivre des pronoms « je, tu, il », a fait entrer dans le mécanisme de la conjugaison.

Il est vrai que pour figurer en qualité de substantifs ou d’adjectifs dans le discours, les thèmes nominaux ont besoin d’une flexion casuelle. Mais ces flexions sont faites de la même matière que les désinences de la conjugaison. Nous en citerons seulement une preuve. Parmi les racines pronominales que possède notre famille d’idiomes, il en est deux de signification exactement semblable ce sont les racines sa et la. L’une et l’autre veut dire « celui-ci ». La synonymie est si complète, que ta, ayant une déclinaison défective, emprunte à certains cas les formes de