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Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/144

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prends qu’on deſire les ſçauoir. Suffit pour le preſent de dire en general, que iamais les Bacchantes forcenées du temps paſſe ne firent rien de plus furieux en leurs orgyes. C’eſt icy à ſentretuer, diſent-ils, par des ſorts qu’ils s’entreiettent, dont la compoſition eſt d’ongles d’Ours, de dents de Loup, d’ergots d’Aigles, de certaines pierres, & de nerfs de Chien. C’eſt à rendre du ſang par la bouche, & par les narines, ou pluſtoſt d’vne poudre rouge qu’ils prennent ſubtilement, eſtans tombez ſous le ſort, & bleſſez. Et dix mille autres ſottiſes que ie laiſſe volontiers. Le plus grand mal eſt, que ces malheureux ſous pretexte de charité vengent ſouuent leurs iniures, & donnent à deſſein vn boucon à leurs malades au lieu de medecine. Ce qui y eſt de plus remarquable, eſt l’experience qu’ils ont pour guerir les ruptures, à quoy s’entendent auſſi pluſieurs autres en ces quartiers. La ſuperſtition la plus notoire eſt, que leurs drogues & leurs onguens ſe plaiſent, à leur dire, au ſilẽce & aux tenebres. S’ils ſont recogneus, ou ſi leur ſecret eſt découuert, il eſt ſans ſuccez. L’origine de toute cette folie vient d’vn nommé Oatarra, ou d’vne petite idole en forme d’vne poupée, qu’il demanda,