Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne deuoit ſembler difficile. Et puis, diſoit le pere de Louys, ſi vous diſiez qu’il falluſt paſſer les deux, les trois, & pluſieurs iours ſans manger, on y pourroit trouuer de la peine ; mais en tout le reſte il n’y en a point. Il diſoit que les François qui auoient eſté icy, ne leur auoit iamais parlé de Dieu, ains s’eſtoient eux-meſmes adonnez comme eux à courir & à folaſtrer auec les femmes. Au reſte il diſoit au P. Pijart qui eſtoit auec moy, qu’il appriſt promptement la langue, afin d’aller demeurer à leur village, & y eſtre le Superieur d’vne maiſon.

En ceſte viſite ie remarquay deux ou trois choſes. Le pere de Louys entendant qu’il falloit apprendre le ſigne de la Croix, le Pater, l’Auc, & le Symbole des Apoſtres, dit que cela eſtoit peu, & qu’il n’auroit gueres d’eſprit s’il ne pouuoit l’apprendre, qu’eſtant allé en diuerſes Nations on luy auoit commis quelquesfois plus de vingt ſortes d’affaires, & qu’au retour il les auoit toutes rapportées tres fidelement, & partant qu’il auroit bien-toſt appris & retenu ce peu que nous luy impoſions ; cependant ce bel eſprit trauailla fort à apprendre le ſigne de la Croix. C’eſt merueille combien les hommes ſont prompts