Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/45

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rons Chreſtiens. Maintenant qu’ils ne ſont encor qu’au berceau, on ne doit attendre que des begayemens d’enfans ; & partant ie continueray dans le recit de ces petites choſes, qui ſeront, Dieu aydant, la ſemence de plus grandes.

Expoſant aux parens de Louys le commandement de ne point deſrober, & diſant qu’en France on faiſoit mourir les larrons, ſon pere demanda ſi deuenant Capitaine il les feroit auſſi mourir ? Et Louys luy repartit, que le Pays ſeroit bien toſt depeuplé, car il faudroit tout tuer ; vn Huron & vn larron eſtant preſque la meſme choſe. Tandis que nous eſtions icy nous fiſmes obſeruer le premier Vendredy & le premier Samedy qui ayt eſté iamais obſerué par les Hurons. Des le Ieudy ils porterent ailleurs le reſte de leur ſagamité, & de leur viande, & le Vendredy & Samedy ayans eſté inuitez au feſtin, ils diſoient que ſi on leur donnoit de la viande ils la garderoient pour le Dimanche ; & de fait nous auons veu vne fois en noſtre village le pere de Louys refuſer en vn feſtin le Vendredy, vn morceau de chair qu’on luy preſentoit, ne faiſant pas neantmoins de ſcrupule de mãger du ſagamité où on l’auoit cuit. Ce nou-