Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/63

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ſtie de ſimples écorces, mais ſi bien iointes, que nous n’auons que faire de ſortir dehors pour ſçauoir quel temps il fait : la fumée eſt bien ſouuent ſi eſpaiſſe, ſi aigre & ſi opiniaſtre, que les cinq & ſix iours entiers, ſi vous n’eſtes tout à fait à l’eſpreuue, c’eſt bien tout ce que vous pouuez faire que de cognoiſtre quelque choſe dans voſtre Breuiaire : Auec cela nous auons depuis le matin iuſques au ſoir noſtre foyer quaſi toujours aſſiegé de Sauuages ; ſur tout ils ne manquent gueres à l’heure du repas : que s’il arriue que vous ayez quelque choſe d’extraordinaire, ſi peu que ce ſoit, il faut faire eſtat que la plus part de ces Meſſieurs ſont de la maiſon ; ſi vous ne leur en faites part, vous paſſerez pour vn vilain. Pour la nourriture, elle n’eſt pas ſi miſerable, bien que nous nous paſſions d’ordinaire d’vn peu de bled, auec vn morceau de poiſon ſec & fumé, outre quelques fruicts dont ie parleray icy bas.

Au reſte iuſques à preſent nous n’auons eu que des roſes, d’oreſnauant que nous auons des Chreſtiens quaſi en tous les villages ; il faut bien faire eſtat d’y faire des courſes en quelque ſaiſon de l’année que ce ſoit, & d’y demeurer ſelon les occurrences