Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/9

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forme le cœur, le foye, le poulmon, bref vne infinie variété de membres ſi neceſſaires, & tous ſi bien proportionnez & ioints les vns avec les autres : ce n’eſt pas le pere, car ces merueilles s’accompliſſent en ſon abſence, & quelquesfois après ſa mort. Ce n’eſt pas non plus la mere, car elle ne ſcait ce qui ſe paſſe dedans ſon ventre : que ſi c’eſt le pere ou la mere qui forment ce corps à diſcretion, pourquoy n’engendrent-ils vn fils ou vne fille quand ils veulent ? pourquoy ne produiſent-ils des enfans beaux, grands, forts & adroits. Et ſi les parens donnent l’ame à leurs enfans ? pourquoy ne leur departent-ils à tous de grands esprits, vne heureuſe memoire, & toutes ſortes de belles & loüable qualitez, veu qu’il n’y a perſonne qui ne deſiraſt auoir de tels enfans, s’il eſtoit en ſon pouuoir ? A cela nos Hurons s’eſtonnent, & n’ayant que reſpondre, ils cõfeſſent que nous diſons la vérité, & qu’en effet il y a un Dieu, que d’oreſnauant ils le veulent recognoiſtre, le ſeruir & honorer, deſirans d’eſtre promptement inſtruits, de ſorte qu’ils demandent que nous faſſions tous les iours le Catechiſme : mais cõme i’ay deſia dit, leur occupation & diuertiſſements ne le permettent pas.