Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/10

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Outre cela, la conformité de tous les poincts de la Doctrine Chreſtienne leur plaiſt merueilleuſement ; car, diſent-ils, vous parlez conformément, & touſiours conſecutiuement à ce que vous auez dit ; vous n’extrauaguez point, vous ne dites riẽ hors de propos, mais nous autres nous parlõs à l’étourdy, ſans ſcauoir ce que nous diſons. C’eſt le propre de la fauſſeté de s’ẽbaraſſer dans vne infinité de contradictions.

Le mal eſt, qu’ils ſont ſi attachez à leurs vieilles couſtumes, que cognoiſsãt la beauté de la verité ils ſe contentent de l’approuuer ſans l’embraſſer. Leur répõse ordinaire eſt, oniondechȣten, la couſtume de noſtre païs eſt telle. Nous auons combattu ceſte excuſe, & la leur auons oſté de la bouche, mais non encores du cœur ; noſtre Seigneur le fera quand il luy plaira.

C’eſt ainſi que nous agiſſons auec les Anciens ; car pour autant que les femmes & les enfans nous cauſoient beaucoup de trouble, nous auons trouué ceſte inuention, qui nous reüſſit aſſez bien : le P. Antoine Daniel, & les autres Peres vont tous les iours par toutes les Cabanes enſeigner aux enfans, ſoit baptiſez ou non, la doctrine Chreſtienne, ſçauoit eſt le ſigne de la Croix,