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Page:Bréhier - Chrysippe, 1910.djvu/22

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la vie et les œuvres.

et la Cilicie se trouvaient, au début du iiie siècle, dans une situation profondément troublée[1]. Ces pays qui étaient à la limite des sphères d’influence des trois grands royaumes, de Macédoine, de Syrie et d’Égypte étaient le siège de luttes continuelles entre les Ptolémées d’une part, Démétrios et Antigone de l’autre ; pendant toute la première moitié du iiie siècle, à la suite de la campagne de l’année 301, où Ptolémée reprit Chypre aux Macédoniens, la domination de l’Égypte paraît pourtant y avoir été assez stable[2] ; si vers 285, un peu avant la naissance de Chrysippe, Ptolémée Philadelphe fut obligé d’y étouffer une révolte, cette révolte paraît moins avoir été due au réveil du sentiment national qu’à l’ambition d’un frère de Ptolémée qui, dans un but purement personnel, poussa les Chypriotes[3]. C’est donc dans un pays où les traditions nationales avaient été violemment supprimées, où l’attachement à une seule patrie était rendu impossible par le changement continuel de

    Mais Strabon (XIV, p. 671 ; Arnim, II, 2, 32), Galien (Protrept., 7 ; Arnim, 11,3,2), Pausanias (I, 17, 2 ; Arnim, 3, 19) s’accordent à placer à Soles son lieu d’origine. C’est par Strabon (loc. cit.) que nous connaissons l’émigration de ses parents.

  1. Sur les luttes entre Ptolémée et Démotion à l’occasion de Chypre, cf. Diod. Sic. XX, 53, 1 et Pausanias, I, 6, 6.
  2. Pausanias, I, 6, 8 ; Ptolémée reprend Chypre en 301 ; en 281 (id., I, 9, 1), Chypre appartenait encore à l’Égypte.
  3. L’organisation nationale de l’île, qui était divisée en petites circonscriptions commandées par des dynastes, avait été supprimée vers l’an 312 par Ptolémée qui, à ce moment, était maître de l’île (Diod. Sic. XIX, 79, 4 ; pour la révolte du frère de Ptolémée, cf. Pausanias, I, 7, 1.